Le Régime de retraite par financement salarial des groupes communautaires et de femmes (RRFS-GCF) : démarche féministe pour contrer la précarisation de travailleuses à revenu modeste au moment de leur retraite *
*Compte-tenu du fait que les femmes sont très majoritairement présentes dans le secteur d’emploi dont il est question, le féminin seul sera souvent utilisé.
En bref : le Régime de retraite à financement salarial des groupes communautaires et de femmes (RRFS-GCF) Démarré en 2008, le RRFS-GCF est un régime de retraite géré par et pour les groupes de femmes et communautaires. Il compte, en novembre 2022, 960 organismes-employeurs, 11,000 participant·es (84% de femmes), 280 retraité·es et 127 millions $ en caisse. |
Un projet féministe singulier
Au tournant des années 2000, un constat s’impose : les salaires touchés dans les groupes communautaires et de femmes sont modestes. Bien qu’il s’agisse d’une main-d’œuvre scolarisée dont plus du tiers des travailleur·euses ont un diplôme universitaire, 62,4% de ces personnes gagnent moins de 25,000 $ (Aubry et al., 2005). De telles conditions salariales condamnent de facto ces personnes, dont 80% sont des femmes, à la pauvreté au moment de la retraite (Aubry et al., 2005). Cette prise de conscience constitue la bougie d’allumage d’une recherche-formation en quête d’un modèle de régime de retraite (RR) susceptible de renverser le sort qui les attend au terme de leur vie professionnelle.
Les principes de recherche-action (Morissette, 2013) ont inspiré la démarche et ont servi de socle sur lequel le régime lui-même a été édifié : les travailleur·euses élaborent, avec le soutien de la personne chercheuse-formatrice, un régime de retraite singulier (dont la mise sur pied exigera d’obtenir des changements à la réglementation québécoise concernant les régimes de retraite à prestation déterminée), et apprennent à le diriger.
Nous tenterons ici de resituer le « féminisme en actes » (Descarries, 2003) — une pratique axée sur la résolution de problèmes concrets vécus au quotidien par les femmes — dans le développement de ce régime, alors même que bon nombre d’écrits produits à ce jour sur cette innovation occultent le rôle central des femmes et des principes féministes qui l’ont échafaudée. Puisant à même l’expérience de Relais-femmes, un des groupes fondateurs du Régime de retraite, notre propos s’appuie davantage sur le récit de cette expérience québécoise et avance quelques hypothèses d’une analyse féministe à poursuivre1Notre propos s’appuie sur diverses sources : rapports annuels du RRFS-GCF; articles et documents de formation élaborés par Michel Lizée, coordonnateur au Service aux collectivités de l’UQAM jusqu’en 2013 et qui est resté impliqué à titre de bénévole jusqu’à son décès en 2021; entrevue avec Lise Gervais, coordonnatrice générale de Relais-femmes de 2002 à 2021 et présidente du Comité de retraite du RRFS-GCF depuis sa création; entrevues de groupe avec 5 femmes impliquées dans le projet depuis ses débuts (une de ces femmes a été impliquée dans les premières années uniquement). Les entrevues ont été réalisées en septembre 2022..
1. Contexte de déploiement d’une analyse féministe des mauvaises conditions de travail dans les groupes communautaires et les groupes de femmes
1.1 Les féministes québécoises avancent un nouveau discours et des solutions sur les conditions économiques des femmes
Autour des années 2000, on assiste à plusieurs moments significatifs de réflexion quant aux façons d’améliorer les salaires et les conditions de travail dans les groupes communautaires et de femmes. Ces occasions s’inscrivent également dans une volonté de comprendre les dynamiques économiques à l’œuvre dans l’ensemble de la société, de même que leurs effets différenciés sur les hommes et sur les femmes. Les ateliers de réflexion, recherches, formations, productions pédagogiques, colloques et débats sur ces sujets font légion.
Des revendications autour des infrastructures sociales et de l’équité salariale
Dans la foulée de la Marche Du pain et des roses de 1995 et de la Marche mondiale des femmes en 2000 s’élabore une critique des logiques économiques patriarcales qui renforcent la division sexuelle du travail. Relevons notamment les revendications réclamant un financement étatique pour doter le Québec d’infrastructures sociales et d’une loi sur l’équité salariale. Ces revendications, associées à des images fortes, témoignent des discriminations salariales qui maintiennent les femmes dans la pauvreté. Sous le leadership du Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT), porteur principal de la revendication sur l’équité salariale, on se souviendra de la comparaison entre les salaires d’une travailleuse en garderie et celui d’un gardien de zoo pour dénoncer les procédés légitimant une telle hiérarchie des secteurs d’emploi. De même, réclamer des infrastructures sociales participe de cet exercice de dénonciation des conditions de travail d’un secteur d’emploi majoritairement féminin et d’un renversement des perceptions au regard des services accomplis par les groupes de femmes et les groupes communautaires. On les nommait ainsi – infrastructures sociales – pour rappeler que ce sont des services nécessaires à la collectivité et pour marquer le décalage avec les infrastructures routières et autres installations nécessaires à la collectivité où les employés sont majoritairement masculins et bien rémunérés.
Des séminaires de réflexion pour renouveler les discours et les théories
Qu’il s’agisse de la perspective féministe de l’économie sociale ou de renouvellement de théories économiques, des féministes universitaires et issues des milieux de pratique s’offrent des occasions de réflexion et d’autoformation où elles questionnent les tenants et aboutissants des conceptions économiques dominantes. Entre 1995 et 2005, Relais-femmes est co-organisateur d’au moins sept séminaires et ateliers portant sur l’économie et la division sexuelle du travail. Ces activités donneront lieu à plusieurs publications ou recherches, pour la plupart d’entre elles menées dans le cadre du Protocole UQAM/Relais-femmes2Alliance institutionnelle tripartite entre Relais-femmes, l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) et le Service aux collectivités (SAC) de l’UQAM. ou de l’Alliance de recherche IREF-Relais-femmes (ARIR)3Infrastructure de recherche réunissant Relais-femmes et l’IREF (2000-2010). et viseront à repositionner l’apport du travail dit « domestique » ou de « care », qu’il soit réalisé dans la sphère privée ou publique.
Des travailleuses se reconnaissent comme femmes pauvres
Ainsi, un éclairage féministe sur la division sexuelle du travail pénètre peu à peu le mouvement communautaire et contribue à associer les conditions salariales aux effets de la dévaluation capitaliste d’un secteur d’emploi majoritairement féminin. C’est alors que les travailleuses des groupes communautaires et de femmes se reconnaissent elles-mêmes en tant que femmes pauvres. Partant du concept de sécurité économique défini comme la capacité (d’une personne, d’un ménage ou d’une communauté) à pourvoir, de manière durable et digne, à ses besoins essentiels, certaines s’ouvrent à l’idée de développer un régime de retraite, et ce, malgré le sous-financement des groupes qui les contraint à de petits salaires.
À travers tout ce bouillonnement d’idées, pour certaines, l’amélioration des conditions de travail passe notamment par la syndicalisation, alors que d’autres cherchent des alternatives. Par exemple, des travailleuses envisagent le développement des conditions de travail en collaboration avec l’organisme-employeur, contrairement à la logique oppositionnelle caractéristique du processus de syndicalisation. Leur visée est de revendiquer des investissements dans les infrastructures sociales, pour de vraies conditions de travail, c’est-à-dire de vrais salaires et de vrais avantages sociaux qui bénéficieraient ainsi aux groupes de femmes et à l’ensemble des organismes du mouvement communautaire.
1.2 La contribution des travailleuses du milieu communautaire et de femmes au développement de la société québécoise : une reconnaissance formelle
Toujours en ce début des années 2000, le processus entourant l’élaboration de la Politique gouvernementale sur l’action communautaire agit comme un levier. D’une part, à l’issue d’une vaste consultation publique auprès des organismes concernés et précédant le déploiement de la Politique, le rapport Larose (2000) reconnaît le rôle des femmes dans le développement du Québec via leur contribution prédominante au secteur de l’action communautaire et recommande que la Politique souscrive à l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes. Qui plus est, la Politique suggérer d’enquêter sur la possibilité, pour les groupes communautaires et de femmes, d’offrir à leurs travailleur·euses des assurances collectives et un régime de retraite :
Le gouvernement du Québec est pleinement conscient que les femmes constituent une partie importante des ressources en milieu communautaire. La situation financière précaire de ce groupe social a souvent été constatée. En améliorant les conditions de travail en milieu communautaire, le gouvernement espère atténuer la précarité qui caractérise ses emplois. Le gouvernement réitère sa disponibilité, notamment par le rôle dévolu au SACA [Secrétariat à l’action communautaire autonome du Québec], à accompagner le milieu communautaire dans des démarches visant à s’enquérir de l’intérêt des organismes pour des régimes d’assurances collectives ou pour un régime de retraite simplifié, si ce dernier le juge opportun. (Secrétariat à l’action communautaire autonome du Québec, septembre 2001)
1.3 La recherche-action-mobilisation sur les avantages sociaux dans les organismes communautaires (2001-2008)
Relais-femmes et le Centre de Formation Populaire (CFP) répondent positivement à cette proposition. Ensemble, ils initient une recherche-action-mobilisation pour faire le portrait de la main-d’œuvre, des ressources financières et des avantages sociaux accordés dans le secteur communautaire, laquelle démarre en 2001 avec le soutien financier du SACA et l’expertise du Service aux collectivités (SAC)-UQAM.
Deux comités vont soutenir le développement de cette recherche : un comité scientifique et un comité aviseur. Le comité scientifique responsable de l’étude, lui-même composé de neuf membres, dont plusieurs travailleur·euses du milieu, est appuyé par un comité aviseur chargé de « la réflexion et de l’élaboration de propositions concrètes de régimes de retraite et d’assurances collectives adaptés aux réalités des groupes communautaires » (Aubry et al., 2005) sur la base des résultats de la recherche en cours. Ce dernier mobilise 12 personnes représentant des organismes nationaux4Au Bas de l’Échelle, Collectif des entreprises d’insertion du Québec, Comité aviseur de l’action communautaire autonome, Fédération des centres d’action bénévole du Québec, Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficultés du Québec, L’R des centres de femmes du Québec, Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec, Regroupement des organismes communautaires famille de Montréal, Réseau des tables régionales des groupes de femmes du Québec, Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles, Table nationale des Corporations de développement communautaire. (Liste tirée de Aubry, François, Didier, Stéphanie, Gervais, Lise (Octobre 2005) 1.). Relais-femmes et le Centre de formation populaire (CFP) font la liaison entre le comité scientifique et le comité aviseur.
Comme le Protocole UQAM/Relais-femmes permet aux groupes de femmes d’avoir accès à des services universitaires pour de la recherche et de la formation et que les compétences d’un de ses coordonnateurs en régimes de retraite sont connues, Relais-femmes et le CFP sollicitent son concours. Par cette association, le SAC dégage progressivement les expertises pédagogiques et d’analyses quantitatives aux fins du déploiement de la recherche-formation-accompagnement. En la personne de Michel Lizée, le comité aviseur trouve certes un économiste spécialisé, mais aussi un allié féministe; il fut d’ailleurs le premier agent de développement du Protocole UQAM/Relais-femmes en 1982. Qui plus est, Michel Lizée, le pédagogue, appuie sa pratique sur les principes d’une éducation émancipatrice (Freire, 1974) : la « littératie » financière doit donner aux personnes le plein pouvoir sur leurs décisions. Plus tard dans le processus, il accompagne le comité qui dirige le régime de retraite des groupes communautaires et de femmes, notamment lors des rencontres de représentation auprès de la Régie des rentes ou d’actuaires.
Le rapport paraît en octobre 2005 sous le titre percutant Pour que travailler dans le communautaire ne rime plus avec misère : Enquête sur les avantages sociaux dans les organismes communautaires. Le comité aviseur est renommé groupe de réflexion et esquisse un projet de régime de retraite par financement salarial.
Or, la réglementation entourant les régimes de retraite ne permet pas encore de créer ce type de régime à prestations déterminées, qui garantit le versement des rentes le reste de la vie durant, quelle que soit la situation financière du Régime (Lizée, 2010). C’est ainsi qu’entre 2005 et 2007, Relais-femmes et l’agent du SAC de l’UQAM se joignent aux représentations entreprises par la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) auprès de la Régie des rentes du Québec (aujourd’hui, Retraite Québec) et réussissent à lever les obstacles réglementaires à la création de ce nouveau type de régime de retraite.
En 2007, une tournée de formation-mobilisation autour de la retraite s’amorce : elle permet d’aborder le système public de retraite, le rôle des régimes complémentaires et introduit la proposition d’un régime de retraite pour les groupes communautaires et de femmes. C’est aussi un moment pour recueillir des adhésions de principe autour de la proposition, tant et si bien qu’en 2008, le Régime est lancé avec plus de 900 personnes adhérentes (Lizée, Gervais, 2017).
1.4 Des divergences stratégiques entre les groupes communautaires et les groupes de femmes
En toile de fond, à travers les différentes luttes, recherches et réflexions, deux visions s’expriment concernant le financement des groupes. Ainsi, lors des échanges qui ont lieu autour des conditions de travail et des données recueillies par l’enquête (Relais-femmes et CFP, 2005), des divergences de stratégies deviennent plus manifestes.
De nombreux groupes communautaires demandent au gouvernement d’augmenter le financement global afin de garder le contrôle sur l’affectation des nouvelles sommes aux salaires, aux avantages sociaux (assurances collectives, régime de retraite…) ou à l’amélioration des services. Dans les faits, de subvention en subvention, les conseils d’administration et les équipes de travail de ces groupes choisissent rituellement le rehaussement des services. Effectivement, il existe une tension entre les pressions du terrain (la population desservie) et la précarité du financement des organismes : faute d’une récurrence assurée des subventions, les groupes craignent de ne pouvoir assumer, pour les années subséquentes, une augmentation salariale obtenue durant des années où les subventions auraient été plus généreuses.
L’analyse féministe portée par bon nombre de groupes de femmes les conduit à une autre conclusion. De leur point de vue, les mauvaises conditions de travail dans ce secteur d’emploi (groupes communautaires et groupes de femmes) sont tributaires de la sous-évaluation du travail domestique effectué dans la sphère privée (du travail gratuit qui repose essentiellement sur le dos des femmes : ménage, repas, charge mentale de l’organisation familiale, soin aux enfants et aux personnes malades ou en perte d’autonomie, etc.). Le travail effectué par les groupes de femmes et communautaires, en grande partie en continuité avec celui réalisé par les femmes dans la sphère privée, connaît le même sort : il est sous-évalué et sous-payé. S’inscrivant dans la continuité des luttes pour la reconnaissance du travail invisible, les groupes de femmes sont ainsi plus enclins à revendiquer des sommes dédiées à l’amélioration des conditions de travail.
Le groupe de réflexion (12 membres dont 4 organismes de femmes et 3 organismes communautaires travaillant avec une approche féministe) estime alors qu’il faut prioriser le sort des travailleuses qui s’en vont indéniablement vers la pauvreté au moment de leur retraite. En somme, bien que la posture féministe ne soit pas prédominante dans le milieu communautaire d’alors, elle incarne tout de même la solution pouvant mettre fin à la situation d’appauvrissement structurelle, relevée précédemment tant dans le rapport Larose (2000) que dans l’enquête de Relais-femmes et du CFP (2005).
2. Coconstruction du régime de retraite : un féminisme en actes
Le féminisme en actes réfère à l’intervention de groupes de femmes principalement axée sur la résolution de problèmes concrets vécus au quotidien par les principales concernées. Francine Descarries (2003) propose cette appellation pour témoigner du féminisme des années 1980, période qui a vu naître plusieurs ressources et groupes de femmes. Pensons notamment aux centres de femmes, aux maisons d’hébergement, aux centres de santé des femmes ou aux ressources pour l’accès des femmes au travail, etc. qui puisent dans leur quotidien pour concevoir une réponse alternative, encore inexistante, à des problèmes qu’elles vivent parce qu’elles sont des femmes. Le déploiement de telles ressources « a permis à un nombre considérable de femmes de prendre conscience des contraintes idéologiques, institutionnelles et structurelles qui présidaient à l’organisation de leur vie, de développer diverses expertises sociales et politiques et de se familiariser avec l’action militante » (Descarries, 2003).
3. Les premières actrices de cette lutte et l’objectif qu’elles se donnent
Toujours impulsé par ses membres féministes, le groupe de réflexion positionne et promeut l’adhésion au régime de retraite comme un projet féministe, soit une réponse à une discrimination systémique à l’endroit des femmes.
Sur la base d’une analyse féministe de la situation qui tient compte de la division sexuelle du travail, de la sécurité économique des femmes, du fait qu’elles composent 80 % des employé·es des groupes communautaires et de femmes, le projet de mettre sur pied un régime de retraite a, comme le disent alors ses instigatrices, un seul objectif :
Empêcher que ces travailleuses aient elles-mêmes à vivre sous le seuil de pauvreté à la retraite alors qu’elles auraient passé leur vie à œuvrer auprès de personnes souvent aux prises avec des conséquences de la pauvreté – Entrevues, septembre 2022.
En conséquence, quand vient le temps de statuer sur le nom à donner au régime, il est primordial qu’y apparaissent nommément les termes « groupes de femmes » et non qu’ils soient invisibilisés sous ceux de « secteur communautaire », par exemple.
Des principes opérationnels familiers aux groupes de femmes et cohérents avec cet objectif
Ainsi, le Régime de retraite – plus précisément le Régime de retraite à financement salarial des groupes communautaires et de femmes (RRFS-GCF) – est élaboré, dans son approche, sa forme organisationnelle et son fonctionnement, en cohérence avec les préoccupations démocratiques du mouvement des femmes. Sans prétention d’exhaustivité, nous relevons ici certains de ces principes communs :
Principes féministes du développement…5Réseau des tables régionales des groupes de femmes du Québec (2018), 12-16. Tous les éléments de la colonne de gauche sont tirés de cette publication. | … à l’œuvre dans l’action du RRFS-GCF |
Égalité | |
Soutenir la participation pleine et entière des femmes et mettre en place les conditions qui permettront cette participation : Mobiliser les femmes pour qu’elles se fassent entendre sur les questions qui les concernent ; Soutenir les femmes présentes dans les lieux de pouvoir; Demander aux femmes présentes dans les lieux de pouvoir de faire la promotion de l’égalité entre les sexes; Travailler, hommes et femmes, solidairement à la réalisation de l’égalité. | Le comité de retraite peut être composé d’au moins la moitié de femmes plus une jusqu’à une possibilité d’être composé exclusivement de femmes. Le personnel du Secrétariat du RRFS-GCF participe aux rencontres du comité de retraite. Les représentations politiques du RRFS-GCF sont menées selon une délégation paritaire. Le RRFS-GCF ne permet pas d’avoir des taux de cotisations différents à l’intérieur d’un même groupe afin d’éviter que les personnes aux postes de direction aient un taux plus élevé que les autres salarié·es. |
Équité | |
« …adopter des mesures qui compensent les désavantages historiques et sociaux qui ont empêché les femmes et les hommes, ou les différents groupes de citoyennEs, de profiter de chances égales. » | Partant de la situation de pauvreté des femmes, la mission même du RRFS-GCF constitue en soi une stratégie d’équité à l’endroit des personnes travaillant dans un secteur d’emploi déconsidéré. La possibilité de faire des rachats d’années de travail chez d’autres employeurs participant au RRFS-GCF : les femmes travaillent dans de petits organismes mais ceux-ci font partie d’un même grand secteur d’emploi. Ainsi, l’originalité des rachats est de considérer la situation du secteur d’emploi où le financement par projets génère un roulement de personnel qui conduit les travailleuses à travailler d’un groupe à un autre, au gré des subventions. Les mesures pour favoriser la conciliation famille-travail chez ses employées. |
Démocratie | |
Valoriser et mettre en place des mécanismes favorisant la participation citoyenne : information, éducation populaire, consultation, concertation, mobilisation sur des thèmes donnés. | Un comité de retraite de 13 membres qui se réunit 6 à 8 fois par année, alors que les comités de retraite de plusieurs régimes de retraite (RR) sont composés de 5 personnes qui s’en tiennent au minimum prévu par la loi et dirigent ainsi le régime en s’appuyant en grande partie sur des experts. Travail et prises de décisions en collectif tant au Secrétariat qu’au Comité de retraite. Soutenir l’empowerment des membres adhérent·es. Pour qu’elles deviennent plus autonomes, favoriser leur apprentissage en toute occasion, lors des formations mais également lors de leurs demandes d’information sur différentes questions : littératie à la retraite, importance d’améliorer les régimes de retraite publics pour toutes les femmes, etc. L’accessibilité des assemblées des membres est pensée selon différentes formules pour faciliter une participation large et active des membres (par exemple, au lieu d’une seule assemblée générale pour tout le Québec, trois assemblées sont organisées pour laisser plus de place à la participation des membres). |
Solidarité | |
« La solidarité engage à la redistribution des richesses et à l’utilisation des ressources humaines, naturelles, sociales et économiques, en tenant compte des femmes et des hommes de tous les horizons, de toutes les classes sociales et de toutes les provenances culturelles. » | Les groupes ont l’autonomie de déterminer des modalités d’application selon la réalité des équipes de travail et les différentes contingences eu égard au rapport à l’épargne (ex: les personnes immigrantes dont la famille est à l’étranger, les personnes plus jeunes et les plus vieilles au sein des équipes). Le RRFS-GCF prend soin des personnes en situation d’appauvrissement. Même les très petits groupes qui n’ont qu’un·e ou deux employé·es peuvent adhérer. Contrairement aux autres RR, le RRFS-GCF mène une lutte pour que les adhérent·es retraité·es en général de même les adhérent·es « orphelin·es », c’est-à-dire les personnes retraitées dont l’employeur a fermé ses portes, soient maintenu·es dans les RR car, lorsque ces bénéficiaires sont transféré·es dans des institutions qui gèrent des rentes viagères, c’est moins avantageux pour elles. De façon générale, les régimes de retraite ne voient dans les retraité·es que du passif (par opposition aux personnes cotisantes) alors que le RRFS-GCF considère être là pour les protéger, leur assurer une sécurité financière. Le RRFS-GCF lutte aussi pour le rehaussement des prestations des Rentes du Québec et de la Sécurité de la vieillesse. |
Éthique | |
« …un code de conduite axé sur les valeurs auxquelles nous adhérons et sur les principes qui gouvernent notre vision du développement social. » | Le RRFS-GCF adhère aux objectifs de développement durable et aux principes de l’investissement responsable. Il agit avec transparence : les membres et les groupes ont accès aux informations, délibérations, prises de décision; le RRFS-GCF est doté d’une gestion transparente; le souci de faire partager, par l’ensemble des membres, les valeurs et les principes du RRFS-GCF est constant. |
Ces principes sont continuellement actualisés à travers les rencontres organisées par le RRFS-GCF, qu’il s’agisse de formations, d’assemblées annuelles, des rencontres du comité de retraite, auxquelles d’ailleurs les travailleuses au Secrétariat du RRFS-GCF assistent.
4. Une empreinte féministe qui le distingue
Si l’on convient que « l’intervention des groupes de femmes consiste à prendre conscience de ces inégalités sociales, à développer des approches de travail émancipatrices et à dénoncer toutes formes de discrimination sociales et structurelles qui participent à maintenir cette discrimination » (Réseau des tables régionales des groupes de femmes du Québec, 2018), nous souhaitons nous appuyer sur des dimensions qui colorent toujours, 14 ans après sa mise sur pied, l’empreinte féministe du Régime de retraite des groupes communautaires et de femmes et en assurent sa singularité.
Un leadership assuré par des groupes de femmes
Tant au démarrage de l’enquête menée par Relais-femmes et le CFP que dans les étapes subséquentes, le rôle de Relais-femmes est fondateur et constant et il oriente l’ensemble de la démarche.
Selon un vocabulaire partagé dans le milieu, il s’agit d’un projet PAR et POUR les travailleuses des groupes de femmes et des groupes communautaires. Elles sont présentes à toutes les étapes du projet, depuis l’enquête (2001-2005) jusqu’à l’élaboration d’un régime de retraite adapté au secteur (2005-2008), à la mise sur pied du RRFS-GCF en 2008 et, par la suite, à sa gestion. Plus d’une douzaine de représentant·es des groupes communautaires et de femmes de tout le Québec forment le comité qui dirige ce fabuleux projet, à travers les différentes étapes de son évolution, et ce, toujours avec une majorité de femmes (Lizée, 2008).
Tout au long du projet, grâce au soutien pédagogique et scientifique du SAC, les membres du comité de retraite, majoritairement des femmes, approfondissent peu à peu leur réflexion et prennent les décisions qui leur incombent :
À travers les contraintes et les options présentées, les membres du comité ont identifié progressivement les caractéristiques d’un régime qui répondrait aux besoins et aux particularités de la communauté. (Bussières et al., 2018)
Ce travail de tressage, utilisant l’expertise des groupes composés majoritairement de femmes et celle de l’université, façonne peu à peu ce projet novateur.
Contrer la précarisation des femmes pauvres
Comme on l’a vu précédemment, le RRFS-GCF prévoit des modalités d’adhésion et d’épargne en phase avec la réalité des travailleuses : il déploie divers mécanismes dans le but de leur éviter la pauvreté dont le rachat d’années travaillées chez l’employeur actuel ou d’autres employeurs membres du RRFS-GCF, l’augmentation de son taux de cotisation, le transfert de REERs vers le régime. C’est aussi en adéquation avec la situation financière des groupes que l’architecture du régime s’échafaude en considérant l’ensemble des groupes communautaires et de femmes comme un seul secteur d’emploi. En optant pour un modèle de régime multi-employeurs, il devient possible de contrecarrer la conséquence la plus néfaste du financement par projet, lequel précarise en effet financièrement l’ensemble des travailleuses de ce secteur d’emploi.
C’est avec ce même souci que le comité de retraite opte pour un régime à prestation déterminée qui, grâce à une vision à long terme, assure un meilleur rendement permettant de sécuriser les rentes :
Tout régime de retraite se situe dans une vision à long terme. Lorsqu’il est à prestation déterminée, il se situe alors dans une vision à très long terme, ce qui donne accès à un rendement plus élevé. – Lise Gervais, entrevue, septembre 2022.
Un régime à prestation déterminée donne 50% de plus de pensions qu’un REER. – Pierre Bergeron (PBI), Entrevue médiatique mardi 17 juin 2014. (Jobin, 2014)
Enfin, en plus d’apporter une réponse qui tient compte de la réalité immédiate des travailleuses, le RRFS-GCF a pris l’engagement formel de lutter pour l’amélioration des régimes publics. À ce titre, il est actuellement le seul régime de retraite membre de l’Observatoire de la retraite et il participe activement aux diverses campagnes visant la bonification des régimes publics.
Adopter une approche d’empowerment
Au cœur de son approche d’empowerment, une pratique particulière distingue le RRFS-GCF: que ce soit au Comité de retraite, lors de formations, d’assemblées annuelles ou de toutes autres rencontres avec les membres, les questionnements sont encouragés. Le questionnement est une pratique pédagogique qui a été utilisée d’abord au comité de retraite, de façon systématique, depuis ses débuts. Elle consiste à accueillir les questions que les personnes participantes ont sur le sujet du jour ou concernant la décision à prendre jusqu’à que toutes aient trouvé réponse, puissent alors porter un jugement sur le sujet et ainsi être en mesure de prendre une décision en toute connaissance de cause. Chaque personne est tantôt dans la posture de celle qui s’interroge, tantôt dans celle qui tente une réponse. Ce processus favorise la participation de toutes à l’échafaudage collectif d’un projet et fait en sorte que les décisions se prennent bien souvent de façon consensuelle, sans devoir passer au vote.
Au Secrétariat du régime, on adopte la même approche. Plusieurs des personnes qui y travaillent sont elles-mêmes issues des groupes communautaires et de femmes, et l’expérience qu’elles y ont acquise leur est fort utile, notamment en ce qui concerne l’accueil des adhérent·es. Elles sont sensibles et familières avec certaines des réserves ou des inconforts que suscitent les discussions entourant la planification financière et la retraite. À l’opposé des pratiques de vente inhérentes aux milieux financiers où la rémunération de conseillers repose généralement sur des quotas de vente de certains produits financiers (Diotte, 2022), travailler au régime de retraite, c’est aussi éduqué en littératie financière. Ce rôle consiste à soutenir la prise de décision éclairée, démystifier et expliquer certains mécanismes d’épargne, répondre adéquatement aux incompréhensions ou aux interrogations, en prenant le temps qu’il faille pour informer et former sur les aspects qui déstabilisent. Les questionnements et les critiques sont les bienvenues et constituent autant d’occasions « d’apprendre ensemble » et de coconstruire les améliorations nécessaires à la situation des membres. Avec une telle approche, on devient plus aptes à aborder les questions de finances et conséquemment, cela change le rapport avec les spécialistes de la finance.
Bref, le RRFS-GCF a développé des conditions essentielles pour favoriser une prise de décision éclairée, réfléchie.
5. Des retombées sociopolitiques et scientifiques du projet
La mise sur pied du RRFS-GCF marque le début d’une période charnière modifiant le regard de plusieurs acteur·trices sur la question des retraites. En effet, la perspective différenciée apporte, dans le « monde des régimes de retraite », un nouveau point de vue sur le rapport à la retraite et le rapport des femmes à l’argent.
Le monde des régimes de retraite conquis par l’analyse féministe
Le recours à une approche féministe a donné lieu à un type de régime de retraite novateur tant dans sa composition (multi-entreprises) que dans sa direction (une majorité de travailleuses et une minorité d’employeurs) et dans sa gestion (prudente). Certes, la collectivisation des risques qui lui est propre est une alternative qui s’adaptait très bien à la réalité du terrain, mais le fait que la gestion du régime soit entre les mains des travailleuses adhérentes est aussi en forte concordance avec les principes d’intervention féministe à l’œuvre dans ce secteur d’emploi.
6. Un modèle de régime de retraite solide et inspirant
Aujourd’hui, 14 ans après sa fondation, 280 retraité·es bénéficient d’une rente viagère. Des 900 premières adhésions individuelles, le régime s’appuie dorénavant sur la participation de 960 groupes et 11 000 personnes employées des groupes communautaires et de femmes. Avec un actif de 127 millions de dollars, le personnel des groupes communautaires et de femmes peut compter sur un régime de retraite solide (Site du RRFS-GCF, consulté le 20-12-22)6https://regimeretraite.ca/. Son modèle, inter-entreprises, par financement salarial à prestations déterminées et contrôlé par les employé·es, constitue une référence auprès d’autres organisations. Des municipalités ont adopté ce type de régime et le Québec compte maintenant une douzaine de ces régimes.
La formation à la retraite, renouvelée
Depuis 2007, au moins 15 000 personnes, dont 85% de femmes, ont été formées, ce qui contribue à transformer leur rapport à la retraite et à l’argent : elles peuvent ainsi mieux planifier financièrement leur retraite. Communément appelé le « Guide de survie à la retraite », le document La retraite – Guide d’information pour les femmes à faible revenu (Marchand, 2012) est une retombée des travaux du régime de retraite. Il fournit des informations sur la retraite et sur les ressources disponibles pour les femmes âgées. Il porte une attention particulière à la situation des femmes qui vivent avec de faibles revenus ou qui sont en situation de précarité économique.
Le travail réalisé par Relais-femmes lors de la mise sur pied du RRFS-GCF a aussi profité aux formateur·trices du Service de la formation sur la préparation à la retraite du Collège Marie-Victorin (Montréal) lorsque le Cégep a voulu ajouter une perspective genrée dans ses sessions de formation. Ces liens ont permis à la fois de consolider l’expertise de Relais-femmes sur les questions de retraite et d’apporter une expertise différenciée au contenu des formations et du matériel pédagogique du Service du Collège Marie-Victorin.
Le rapport à l’argent démystifié
Le rapport à l’argent est devenu plus concret pour bien des membres…allant jusqu’à signifier son lien intime avec les soins accordés à leur famille, et la nécessité de songer à leur avenir. En ce sens, les travailleuses du Secrétariat observent une évolution du rapport à l’argent chez les membres. Outre le fait d’assurer ou de rehausser la sécurité économique des participantes, le régime agit sur d’autres plans. Le rapport à l’argent s’est vu modulé chez de nombreuses femmes dès lors amenées à anticiper une baisse de revenu à la retraite : « D’où va venir l’argent nécessaire au maintien de mon niveau de vie? ». De plus, en réalisant que les régimes publics de retraite comme seul revenu conduisent à la pauvreté, force est de constater que « gagner sa vie » ne se limite pas à subvenir à ses besoins pendant sa vie active. Par conséquent, il s’avère essentiel de prévoir les fonds nécessaires pour la période de la retraite, en dehors des régimes gouvernementaux.
La démocratisation des affaires financières
« Le RRFS-GCF n’est peut-être pas la révolution, mais ça démystifie que seuls des spécialistes peuvent diriger ce type d’entreprises. »
Lise Gervais, entrevue, septembre 2022.
L’approche d’empowerment pratiquée dans ce projet remet en question la suprématie de spécialistes, dans ce cas-ci les actuaires et les conseiller×ères en finance, tout en s’arrimant à la tradition du SAC à l’effet de valoriser une diversité de savoirs. Effectivement, le régime de retraite administré par les travailleur·euses des groupes communautaires et de femmes a fait la preuve qu’un accompagnement pédagogique (plus précisément par la pratique du questionnement) permet à des profanes de maîtriser un sujet, aussi complexe soit-il. Pour compléter la démarche, l’accompagnement faisait constamment appel à la participation de ces travailleuses et travailleurs les habilitant, petit à petit, à la gestion d’un régime de retraite. Le rapport avec le personnel du milieu financier s’en trouve transformé, dorénavant basé sur un rapport de coopération plutôt que sur un rapport spécialiste/profane.
On a construit un régime par le bas, adapté à notre univers de groupes communautaires, indépendamment des barrières législatives; ensuite, on est allé défendre notre modèle de régime… – Une militante de la première heure, entrevue, septembre 2022.
On l’a construit comme « le communautaire » : on part des besoins de la base… on avait la chance qu’il n’y avait rien : on a fait un travail de pionnières. En trouvant des alliés (Michel Lizée, Pierre Bergeron) qu’on a contaminés et qui, ensuite, nous ont « traduit » auprès du gouvernement, par exemple. Ça prend des alliés.
– Une militante de la première heure, entrevue, septembre 2022.
L’enseignement d’un nouveau modèle de régime de retraite à l’université et une offre de formation sur la retraite décuplée
Depuis 2008, un nouveau modèle s’est ajouté à l’enseignement supérieur des modèles de régimes de retraite : les régimes de retraite multi-employeurs, à financement salarial et à prestations déterminées, où l’employeur est appelé à coopérer avec le personnel salarié pour assurer la santé financière du régime. Enfin, hors de l’université, l’offre de formation sur les sujets entourant la retraite s’est déployée. Aujourd’hui, le programme de formation offert par le Secrétariat du RRFS-GCF comprend les volets suivants : a) préparation à la retraite; b) description du régime du RRFS-GCF; c) administration du régime destinée aux groupes; d) initiation aux systèmes de retraite.
Le Protocole UQAM/Relais-femmes, une alliance structurante dans la création du RRFS-GCF
Si, aujourd’hui, le RRFS-GCF constitue un outil d’attraction et de rétention du personnel dans les groupes de femmes et communautaires, c’est entre autres, grâce à la rencontre de trois conditions au tournant des années 2000. D’une part, il s’agissait d’un contexte effervescent de débats où se consolide une vision critique de la dévaluation du travail de soins accompli par les femmes. D’autre part, une alliance forte entre les partenaires du Protocole UQAM/Relais-femmes et leur engagement durable ont joué un rôle structurant tout au long du projet. Soulignons enfin la durée d’engagement des personnes.
Cet investissement à long terme est celui de Lise Gervais, coordonnatrice de Relais-femmes (à l’origine du RRFS-GCF, avec René Doré du CFP et présidente du régime depuis sa fondation) et celui de Michel Lizée, dégagé par le SAC comme spécialiste des régimes de retraite et non prioritairement dans un mandat d’interfaces; en appliquant une méthode d’apprentissage basée sur le questionnement, il a accompagné le Comité de retraite jusqu’en 2013, moment à partir duquel il a assumé ce rôle sur une base bénévole jusqu’à son décès en 2021. L’alliance institutionnelle entre Relais-femmes et le SAC de l’UQAM a permis d’expérimenter une méthode pédagogique pertinente à une situation d’apprentissage complexe et, aujourd’hui, une telle démarche est reproductible. En partant d’un problème concret, des femmes ont trouvé une manière de s’intéresser aux marchés d’investissements en développant un type de gestion de régime de retraite qui mise sur les mêmes caractéristiques que celles à l’œuvre dans leur milieu de travail : formation continue, pouvoir horizontal, direction collective, majorité féminine au comité de direction. Le résultat est un modèle de régime de retraite multi-employeurs (inter-entreprises) susceptible d’inspirer d’autres secteurs d’emplois. Nous espérons aussi, avec cette contribution, avoir réussi à le positionner sur le terrain de la longue lutte féministe pour la reconnaissance de la valeur du « care », ce travail invisible
Notes de bas de page
- 1Notre propos s’appuie sur diverses sources : rapports annuels du RRFS-GCF; articles et documents de formation élaborés par Michel Lizée, coordonnateur au Service aux collectivités de l’UQAM jusqu’en 2013 et qui est resté impliqué à titre de bénévole jusqu’à son décès en 2021; entrevue avec Lise Gervais, coordonnatrice générale de Relais-femmes de 2002 à 2021 et présidente du Comité de retraite du RRFS-GCF depuis sa création; entrevues de groupe avec 5 femmes impliquées dans le projet depuis ses débuts (une de ces femmes a été impliquée dans les premières années uniquement). Les entrevues ont été réalisées en septembre 2022.
- 2Alliance institutionnelle tripartite entre Relais-femmes, l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) et le Service aux collectivités (SAC) de l’UQAM.
- 3Infrastructure de recherche réunissant Relais-femmes et l’IREF (2000-2010).
- 4Au Bas de l’Échelle, Collectif des entreprises d’insertion du Québec, Comité aviseur de l’action communautaire autonome, Fédération des centres d’action bénévole du Québec, Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficultés du Québec, L’R des centres de femmes du Québec, Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec, Regroupement des organismes communautaires famille de Montréal, Réseau des tables régionales des groupes de femmes du Québec, Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles, Table nationale des Corporations de développement communautaire. (Liste tirée de Aubry, François, Didier, Stéphanie, Gervais, Lise (Octobre 2005) 1.)
- 5Réseau des tables régionales des groupes de femmes du Québec (2018), 12-16. Tous les éléments de la colonne de gauche sont tirés de cette publication.
- 6
Bibliographie
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Cahier IREF
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