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PARTIE 2 Consolidation et développement | 2 février 2021

Féminismes : de la parole au geste

St-Gelais, Thérèse

Quelle est la principale contribution et perspectives « féministes » apportées par vos travaux ? Étrangement peut-être, je ne sais trop quoi répondre à cette question.  Je sais avoir fait beaucoup d’interventions, avoir écrit beaucoup de textes, avoir transmis ce que je considère être des savoirs féministes ou une approche féministe des savoirs. Mais, qu’a-t-il été retenu de tout ça ? D’autres que moi sauraient mieux y répondre.

Quels sont les principaux défis, personnels, intellectuels, et institutionnels que j’ai rencontrés ? Voilà une question qui m’apparaît plus tangible parce qu’elle relève de la vie de tous les jours. Une vie qui croise des engagements personnels et professionnels à respecter au quotidien. Or, ces engagements imposent parfois des retours sur soi et une vigilance toujours constante qui exigent, si l’on vise un tant soit peu une certaine intégrité – ou une intégrité certaine ¬ que les actions suivent les paroles et la pensée.

Or, ces défis, je les rencontre encore et ils demeurent nombreux.

Sur le plan des relations personnelles, bien sûr, voire amicales, qui diffèrent bien souvent de nos rapports avec le milieu académique ou des savoirs. Dans notre enseignement et nos recherches, nous nous devons de saisir au plus près l’histoire comme l’actualité des développements de notre discipline. Ce que nous ne partageons pas nécessairement avec notre famille ou nos ami.e.s qui s’investissent peu ou pas du tout dans un engagement ciblé. Cela demeure toujours étonnant d’ailleurs voire estomaquant de constater que ce qui nous semble évident comme revendications apparaît incongru aux yeux de certaines personnes qui nous sont proches. Et je ne crois pas être la seule à avoir vécu cette situation.

Des défis sont aussi à relever dans les salles de classe entre autres où, parfois, les étudiantes et les étudiants ont, non pas de plus grandes attentes qu’auparavant, mais visent une représentation plus globale des identités à l’intérieur d’un spectre plus élargi. Leur mot d’ordre est l’inclusion et à juste titre. N’est-ce pas ce que nous demandions également en études féministes, mais à partir d’un profil dont le relief dégageait alors l’absence criante des femmes dans la vie politique ou culturelle et des postes de pouvoir.

Les salles de classe ne sont plus les mêmes. Et, de fait, toutes et tous autant que nous sommes, n’avons-nous pas contribué à ce qui s’y passe présentement en ayant insisté, chacune et chacun à notre manière, et avec raison, sur l’importance de la présence de cette moitié du monde dans les milieux citoyens, politiques ou culturels et de la résolution des enjeux qui leur sont associés. Or, que font ces étudiantes et étudiants engagé.e.s à rendre visible des minorités qui n’ont toujours pas leur place dans l’histoire, voire en histoire de l’art ? À leur tour, ils, elles et iels revendiquent des paroles, des gestes, des écrits et des images qui poussent plus loin l’horizon des possibles en faisant preuve d’une détermination qui agite nos classes et qui semble persévérer pour proposer des avancées qui n’annoncent pas d’essoufflement.

Mais, n’est-ce pas nous aussi la persévérance qui nous a amenées là où nous sommes, c’est-à-dire à ce moment où le droit d’être l’une avec et parmi les autres ne peut plus être remis en cause. Et ne l’avons-nous pas fait aussi au prix d’avoir l’air obsédées par le sujet. Depuis mes études de premier cycle à l’Université de Montréal, où il n’y avait pour ainsi dire aucune place pour les femmes en histoire de l’art, en passant par la maîtrise et le doctorat à Paris-X Nanterre, où je me suis fait rabrouée par un membre masculin du jury, et puis maintenant, après de très nombreuses années d’enseignement, je n’ai jamais cessé, comme beaucoup d’autres, de dire la nécessité, non pas seulement d’intégrer les femmes artistes dans les histoires de l’art, mais de revoir la construction même des savoirs qui a invisibilisé avec une détermination stupéfiante – car je ne pense pas que ce soit de la candeur – les savoirs non dominants tenant pour acquis qu’ils étaient accessoires, inutiles, voire inexistants.

Pour l’heure, j’ai quatre défis.

Défi nº 1. Vigilance, vigilance… Pour certain.e.s de mes collègues, peut-être ou même de mon milieu amical, je suis perçue comme une féministe « rabat-joie » pour reprendre les mots gentils de Erin Wunker ou de Sara Ahmed. En fait, râleuse serait probablement le vocable plus juste. Celle, en fait, dont on espère qu’elle n’en rajoutera pas encore alors que tout est réglé…, pense-t-on. Mais, elle en rajoute encore parce que tout, justement, n’est pas réglé. Oppressions, injustices et inégalités sont pour ainsi dire plus présentes que jamais dans ce monde mené par des individus dont le nom résonne dans nos oreilles comme un supplice.

Défi nº 2. L’art aussi pense et je le répéterai tant qu’il le faudra. Pour d’autres collègues, le doute persiste quant aux véritables changements et connaissances théoriques comme pratiques que peuvent apporter des disciplines qui n’apparaissent pas en lien direct avec les sciences humaines, sociales et politiques.

Que dire en effet quand il s’agit des arts visuels et de ses histoires. Il est loin d’être gagné d’avance que ceux- ci soient perçus comme pratique concrète où l’agentivité puisse également y faire son œuvre. Une visite au musée apparaît-elle, ici et là, comme un simple moment de détente ou de divertissement ? Comme s’il n’était pas possible d’y voir plutôt un temps de réflexion, voire parfois un exercice délibéré de confrontation avec des réalités que l’on préfère ne pas voir ni même imaginer. Surtout pas dans un musée ou sur les murs de nos bureaux ou de nos salons ! De fait, il fait partie de mon travail et de mes défis de montrer et de dire comment l’art peut s’avérer un agent transformateur, parfois plus puissant qu’un geste, si l’on s’y arrête, mais si l’on s’y arrête vraiment, pour tenter de le comprendre.

Défi nº 3. Penser au respect de l’autre comme à soi. Ce défi se présente également comme une pratique féministe. Je pense notamment au coenseignement et, j’ai envie de dire, principalement en études féministes où il m’apparaît à la fois révélateur et fructueux. Je dis comme pratique féministe parce qu’il est un lieu de partage des connaissances, mais aussi de méthode d’enseignement qui nous mettent à l’épreuve de nos positionnements. Il est connu qu’il n’y a pas un féminisme, mais des écoles de pensée qui se croisent, qui divergent, voire qui sont polarisées. Il est ressenti, et le mot est choisi, que les positionnements féministes ne se rencontrent pas toujours dans l’harmonie. La réconciliation des points de vue n’est pas toujours facile. On le sait. Et cette différence des points de vue ne se passe pas que du côté du corps enseignant. Mais aussi du côté du corps étudiant qui prend position et avec lequel nous nous devons d’interagir avec une relative objectivité qui laisse entrevoir [parfois] le sujet humain que nous sommes avec ses soucis, ses désirs et ses convictions. Le respect de l’autre est un apprentissage de longue haleine et les études féministes m’apparaissent comme un lieu privilégié pour en faire la preuve dans la transmission des savoirs. Il n’est pas facile d’arriver à des compromis avec harmonie, d’autant que ce que nous défendons, au regard de chacune, cible une égalité entre toutes et tous.  Et c’est là un objectif que le coenseignement tente de rencontrer dans le respect qu’il nécessite.  Mon expérience avec quelques collègues professeures avec lesquelles je ne partage pas toujours les mêmes combats s’est d’ailleurs avérée fructueuse à cet effet.

Défi nº 4. L’intégrité dans le faire et le dire. Et c’est peut-être pour moi le plus grand défi, car il croise l’engagement et la réflexion. Que dire, en effet, lorsque nous tentons de parler théorie/recherche et pratique/création d’une même voix sans que l’une ne prenne le dessus sur l’autre. Ou plutôt que l’une et l’autre s’accordent au point de se confondre.

L’un des plus grands défis pour moi est donc de m’attaquer au langage même, à l’écriture qui transmet notre pensée féministe de manière, je dirais, incarnée. Notre regard, nos expériences féministes, nos souhaits pour un monde plus sensible et juste aux réalités de toutes et de tous, comment peuvent-ils se manifester au plus près d’une écriture engagée désencombrée de formules vides et de phrases à l’emporte-pièce qui ne nous mènent qu’à se conforter dans ce qui semble annonciateur de changements.

Écrire comme l’on pense, comme l’on veut penser, de façon à ce que gestes et mots, actions et paroles se réclament du même souffle, avec la même ardeur et de semblables convictions. Si agir pour manifester contre les oppressions, les injustices et les inégalités représente une somme d’énergie parfois difficile et épuisante à déployer, écrire de manière à faire entendre l’investissement qu’il faut pour y arriver n’est pas tâche plus facile. Faire et dire d’une même voix et avec la même intégrité, voilà ce qui m’apparait tout compte fait le plus grand des défis.

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Ce travail est sous une licence CC BY-NC-ND 4.0.

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